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Ombre et Lumiere
4 juin 2006

Qelle misère !

                Ma philosophie à propos du consumérisme nourrit l'illusion que l'objet peut satisfaire nos attentes alors qu'il ne cesse de les décevoir. Rien ne les comble : ce qui pourrait les combler n'est pas de l'ordre de l'achat mais de l'action, du projet, de la construction de soi. Il faut distinguer deux modes du désir : l'un, qui tente de tuer le manque par saturation ; l'autre, qui l'utilise comme un élément structurant, positif et ne redoute rien tant que la satiété. Le consommateur type développe un niveau immunitaire très faible. La moindre frustration lui est fatale. Ce rassasié à toujours faim et plus il obtient, plus il réclame ; il souffre de carences par suffocation. Son malheur n'est pas le gavage mais le sevrage impossible qui fait de lui un sujet gorgé et plaintif, réclamant toujours plus alors qu'il a déjà la bouche pleine. Sa vie psychique s'atrophie, se réduit au bref spasme de l'assouvissement suivi d'une autre envie. L'échappatoire commode de l'achat est devenue sa prison. Se définissant par ce qu'il porte, boit, mange, écoute, il végète dans un univers adolescent, incapable de hiérarchiser ses convoitises.
                
             "Il faudra bientôt construire des cloîtres rigoureusement isolés où ni les feuilles ni les ondes n'entreront...On y méprisera la vitesse, le nombre, les effets de masse, de surprise, de contraste de nouveauté et de crédulité. C'est là qu'à certains jours on ira, à travers les grilles, considérer quelques spécimens d'hommes libres."



                                                                             Paul Valéry


                                                                              

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